Confrontée au caractère minimaliste des régimes publics et à la nécessité de mécanismes privés d'épargne en vue de la retraite, l'approche syndicale québécoise est marquée du sceau de la convergence entre la négociation du droit à une retraite décente et, de façon croissante, la gestion même des capitaux des caisses de retraite pour y faire valoir une vision différente du développement. Le mouvement syndical a lutté historiquement pour des régimes publics, mais également pour tenter de négocier la mise en place de régimes de retraite complémentaires de qualité au niveau de l'entreprise, et ceci avec des résultats inégaux quant au taux de couverture ou à la qualité des régimes négociés.
Inspirée de l'approche nord-américaine, la loi québécoise régissant les régimes complémentaires de retraite innove toutefois en exigeant une représentation minimale des participants à l'administration de leur régime de retraite, tout en permettant la négociation d'une représentation additionnelle. Compte tenu de l'expérience du Fonds de solidarité FTQ qui illustre qu'on peut tenter de concilier développement de l'emploi et rentabilité financière, la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) a amorcé depuis une dizaine d'années une action pour que les salariés prennent leur place dans l'administration de leur régime, avec l'effort important de formation syndicale et d'organisation que cela présume. Un chantier d'action syndicale s'ouvre donc, avec comme terrain la gestion du capital, les politiques de droits de vote des actions, la gouvernance des entreprises et la réflexion sur les placements socialement responsables, chantier qui vient rejoindre plusieurs des préoccupations syndicales pour faire face aux enjeux de la mondialisation et du développement durable.