Plusieurs controverses sur la mise en place de statistiques « ethniques » se sont succédé en France au cours des 25 dernières années. Aujourd’hui, les demandeurs de telles statistiques s’appuient principalement sur l’argument de la connaissance. C’est une façon de contourner le débat des politiques publiques car les statistiques « ethniques » sont davantage un outil nécessaire à la mise en place de certaines formes de politiques de discriminations positives qu’un outil scientifique. L’exemple canadien permet de l’illustrer. Le recensement y collecte une information sur l’origine ancestrale depuis plus d’un siècle. Avec l’émergence du fait « canadien », cette question a progressivement perdu de son intérêt tandis que les questions liées aux origines se sont multipliées pour répondre aux besoins spécifiques de différentes politiques publiques : question linguistique, repérage des autochtones, promotion des « minorités visibles ». D’un recensement à l’autre, les variations de questionnement perturbent les analyses en évolution.