Pourquoi pose-t-on la question de l'insertion des jeunes dont l'origine étrangère est réelle ou supposée telle ? Parce que l'on constate qu'une frange de la jeunesse pour une large part de nationalité française mais souvent issue de l'immigration post-coloniale ou originaire des Dom-Tom, ne trouve pas réellement sa place au sein de la cité, voire, pour une minorité, se sent rejetée de la collectivité. Ces jeunes sont socialement souvent perçus comme des immigrés, alors que nombre d'entre eux sont nés en France et sont Français. Cette représentation obsessionnelle de « l'origine ethnique » des jeunes dans les rapports sociaux est lourde de conséquences en termes d'insertion pour cette catégorie. Il est clair aujourd'hui, qu'aux effets des inégalités sociales s'ajoutent pour ces jeunes des difficultés liées aux comportements discriminatoires de différents acteurs. Ces comportements ne peuvent être réduits à des logiques exclusivement racistes ; ils sont le fruit de différents mécanismes de discrimination, intentionnelle ou non intentionnelle. L'objectif de l'article est de comprendre et de mettre en lumière les causes et les conséquences des spécificités des trajectoires scolaires, professionnelles et sociales des jeunes dont l'origine étrangère est réelle ou supposée telle. Il s'agit de montrer que les mécanismes de discrimination font système et cela, à travers les sphères de l'école, du marché du travail et de l'habitat.