Cet article se propose d'inscrire l'objet sociologique « bénévolat » dans le programme d'étude de la sociologie du travail et de mettre en lumière, à la fois, l'apport de la sociologie du travail, de ses outils et de ses analyses à la construction de l'objet sociologique bénévolat, et les enseignements que la sociologie du travail peut, en retour, tirer de l'attention portée à ce nouvel objet.
La première partie de l'article s'appuie sur une recherche consacrée à la pratique bénévole en France et aux Etats-Unis. Elle montre comment l'analyse du discours des bénévoles sur leur pratique invite à mobiliser et à appliquer au bénévolat les notions (et les analyses en termes) de « drame social du travail » et de « carrière » afin de rendre visible et d'étudier la participation du bénévole - comme acteur - à des situations de travail et la participation du bénévolat - comme pratique - à la construction des carrières professionnelles des bénévoles.
La seconde partie de l'article se propose alors de poursuivre cette étude des liens diachroniques et synchroniques entre travail bénévole et travail non bénévole non plus dans une visée de construction de l'objet sociologique bénévolat mais dans celle d'un renouvellement de la sociologie du travail.
Parce qu'elle met en lumière une démultiplication, plus ou moins continue, des statuts dans les mondes du travail, et une démultiplication, plus ou moins contrainte, du soi au travail, la sociologie du travail bénévole conduit, en effet, à s'intéresser au travail comme à un engagement et à étudier, dans leur pluralité, les modalités d'engagement dans le travail et les fondements de l'engagement au travail.