A partir d'enquêtes au sein de quatre organisations, l'article propose une analyse des situations de crise sociale générées par des modernisations gestionnaires. Il insiste plus particulièrement sur le lien entre la dérégulation des rapports de travail et la dynamique singulière des identités de métier. Celles-ci recèlent la caractéristique d'être résistantes aux dérégulations hiérarchiques et fonctionnelles, mais en accentuant leur dimension individuelle et contre-organisationnelle. Cette forme d'atrophie des identités de métier est ainsi à la source d'un symptôme typique de vécu collectif de crise, mais elle est, dans son autre face, une composante dynamique du fonctionnement social dégradé qui se reproduit en deçà de la modernisation gestionnaire.