Il apparaît qu'un certain nombre d'idées phares de la stratégie de Lisbonne découlent du livre blanc Croissance, compétitivité et emploi de la Commission Delors de 1993, dont on pourrait dire qu'il a été le premier grand effort de l'Union européenne pour mettre en présence les réalités économiques et sociales de la globalisation. A l'époque, le livre blanc n'était pas parvenu à atteindre les résultats escomptés. Cependant, le noyau des problèmes du marché de l'emploi soulevés par le livre blanc avait été abordé par le traité d'Amsterdam, qui a initié la stratégie européenne de l'emploi et sa méthodologie innovatrice, la méthode ouverte de coordination (MOC). Peu après, la stratégie de Lisbonne a élargi cette approche, lui conférant une mission nouvelle visant à améliorer la compétitivité de l'Union européenne, qui s'est largement appuyée sur la MOC. Les Etats membres de l'UE, jaloux de leurs prérogatives en matière de politiques économiques, de marché du travail et de politiques sociales, se sont refusés à ce que l'UE soit impliquée de manière significative dans la coordination et la mise en œuvre transnationales dans ces domaines. Les résultats n'ont en rien égalé le soutien massif à Lisbonne apporté par les intellectuels progressistes et des politiciens de centre gauche. Dans les domaines politiques sensibles abordés par le livre blanc de 1993, la SEE et la stratégie de Lisbonne, des contradictions entre l'inter-gouvernementalisme et le besoin d'une coordination au niveau européen ont débouché sur des résultats décevants.