La question des rapports entre les salaires et la crise de la zone euro est aujourd’hui posée de deux manières. D’une part, pour certains, les évolutions divergentes des salaires en Europe, et particulièrement dans la zone euro, seraient à l’origine des déficits commerciaux accumulés par quelques pays et en fin de compte la cause de la crise des dettes souveraines. D’autre part, de manière cohérente avec cette thèse, le rétablissement des équilibres passerait par un ajustement salarial à la baisse dans les pays concernés. Les excès de salaires seraient donc l’une des causes de la crise, et les salaires seraient la variable d’ajustement qui permettrait d’en sortir. Cet article se propose de discuter cette problématique, en trois temps. Il revient d’abord sur l’instauration de l’Union économique et moné- taire (UEM) et sur les débats concernant la zone monétaire optimale (I). Dans un deuxième temps, il propose un récit alternatif des évolutions de la compétitivité et des salaires sur longue période en s’interrogeant sur leur impact dans le déclenchement de la crise que subit la zone euro (II). Enfin, il porte un regard sur les conséquences récentes de la crise et des politiques préconisées en matière de salaire et de compétitivité (III). I. Zone euro, zone optimale ? Avant la mise en place de l’euro, la problématique est de trouver un système de change suffisamment contraignant pour éviter des évolutions trop divergentes des salaires et des prix entre les pays membres de la 1. Centre Etudes et Prospective du groupe Alpha.