Cet article contient une évaluation des effets de l'internationalisation sur la régulation des relations de travail dans les six pays les plus peuplés de l'Union européenne (Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Espagne et Pologne, comprenant 70 % de la population de l'UE), sur la base d'entretiens et sources secondaires sur les évolutions des relations professionnelles entre 1992 et 2012. L'analyse se concentre sur les pressions internationales qui touchent les trois acteurs principaux des relations professionnelles, à savoir les entreprises multinationales (employeurs), les migrations (salariés) et les organisations internationales, en particulier l'UE (l'État). Ces trois forces tendent à remettre en cause les modalités nationales de relations professionnelles et à soumettre les mécanismes politiques aux exigences marchandes, mais il arrive que les traditions politiques nationales parviennent à tempérer ces processus. En effet, les institutions, bien qu'affaiblies, résistent aux solutions les plus radicales que le marché tente de leur imposer et les relations professionnelles demeurent trop complexes pour être réformées et individualisées sans que des problèmes juridiques et politiques se posent.